La langue française évolue constamment, et la féminisation des noms de métiers est un sujet qui suscite de nombreux débats. Parmi les termes qui font l'objet de discussions, on trouve le féminin d'« auteur ». Faut-il dire « auteure », « autrice », ou conserver « auteur » pour désigner une femme qui écrit ? Cette question reflète les changements sociétaux et linguistiques en cours, et mérite une analyse approfondie.
L'évolution historique des termes
Pour comprendre le débat actuel, il est important de retracer l'histoire de ces termes :
- « Auteur » dérive du latin « auctor », qui n'avait pas de forme féminine spécifique.
- « Autrice » était utilisé jusqu'au début du XVIIe siècle avant d'être abandonné.
- Des formes comme « autoresse » et « femme-auteur » ont été employées il y a plus de 400 ans.
- « Auteure » est un néologisme apparu dans les années 2000 au Québec.
Les recommandations officielles
Les institutions linguistiques ont pris position sur cette question :
- L'Académie française, dans son rapport de 2019 sur la féminisation des noms de métiers, privilégie le terme « autrice ».
- L'Office québécois de la langue française a recommandé « auteure » dans les années 1970 et 1980.
- Le Larousse accepte indifféremment « auteure » ou « autrice ».
- Le Petit Robert privilégie « autrice ».
Différences régionales et contextuelles
L'utilisation de ces termes varie selon les régions francophones et les contextes :
- « Auteure » est largement utilisé au Québec et dans certains milieux académiques.
- « Autrice » est plus courant en France et en Suisse, gagnant en popularité depuis le milieu des années 2010.
- Les universitaires semblent plus enclins à utiliser « auteure » que « autrice ».
Arguments linguistiques
Chaque terme a ses propres justifications linguistiques :
- « Auteure » suit la logique de féminisation en ajoutant un « e » à la forme masculine, comme pour d'autres noms se terminant par « -eur ».
- « Autrice » respecte la morphologie française où les noms masculins en « -teur » forment leur féminin en « -trice » (comme acteur/actrice).
Exemples d'utilisation
Conclusion
Le débat entre « auteure » et « autrice » illustre la complexité de la féminisation des noms de métiers en français. Bien que l'Académie française recommande « autrice », l'usage varie considérablement. L'important est de reconnaître que les deux formes sont acceptables et que le choix peut dépendre du contexte, de la région ou des préférences personnelles. Cette évolution linguistique reflète les changements sociétaux en cours et l'importance croissante accordée à la représentation égalitaire dans la langue.